Me voilà toujours dans le Sud-Ouest. Plus précisément à Saint-Lys, une petite commune à quelques kilomètres de Toulouse. Le rendez-vous est fixé chez Denis, un agriculteur que j’ai rencontré sur le site « Bienvenue à la Ferme ». Ce site permet de trouver les coordonnées des agriculteurs qui proposent de la vente directe, des nuits à la ferme ou encore des accueils pédagogiques. Denis réalise de la vente directe depuis plusieurs années à travers sa production de myrtilles. Mais depuis plusieurs années, il a opté pour la cueillette libre. C’est-à-dire que durant la période de la cueillette (10 juin au 10 juillet en moyenne), les clients viennent directement à la ferme ramasser les myrtilles en plein champ. Cela permet à Denis de proposer une activité innovante à ses clients et de l’autoriser à vendre moins cher ses myrtilles puisqu’il n’a pas de main d’œuvre à payer. La grosse problématique de ce système de vente, c’est qu’il doit être sûr que les clients vont être là au bon moment (c’est-à-dire pendant la période de récolte) sous peine de n’avoir personne pour récolter ses myrtilles… Pour garder le lien avec les consommateurs, Denis envoie des courriers (pas des mails, des courriers par voie postale, ça existe encore !) et réalise des marchés quelques jours avant les dates de récoltes pour tenir ses clients informés.
La vidéo sur Denis !
En dehors des myrtilles, Denis a aussi une production de céréales, de noisettes et d’eucalyptus. Il est aussi très engagé dans la vie associative de son village, notamment à travers la restauration du moulin de Saint-Lys.
Le moulin de Saint-Lys
Nous allons rester dans la vente directe, cette fois-ci à Payra-sur-l’Hers, à la ferme de la Marg’Aude. J’ai été reçu par une gentille petite famille composée de Christèle et Stéphane, les parents et de Jonathan et Timothée, deux de leurs quatre enfants. Après plusieurs mois de crise en 2009 avec la chute du prix du lait, la fièvre catarrhale et une demande de mise aux normes sur leur bâtiment, le couple décide de rejoindre les mouvements de manifestation des éleveurs laitiers (à cette époque, le prix d’achat est plus faible que le coût de production, les laitiers perdent donc de l’argent…). Mais au lieu d’aller jeter le lait dans les rues, ils décident de le donner. C’est à ce moment qu’ils se rendent compte que le grand public souhaite retrouver un lien avec les producteurs, avec son alimentation. Pour eux, c’est la première fois qu’ils ont autant l’impression que leur production a de la valeur. En quelques jours, ils décident de commencer par vendre du lait cru, puis des yaourts. Petit à petit, ils remontent la pente, investissent dans un labo de transformation et développent un système de consigne sur leurs pots. Lorsque Timothée décide de quitter son emploi de pâtissier à cause des nombreuses contraintes que représente ce métier, il décide, comme une évidence, de revenir sur l’exploitation familiale pour mettre à profit ses talents de pâtissier dans la réalisation de desserts à base du lait de ses parents. Pour Jonathan, ingénieur agronome, le manque de l’entreprise familiale l’a fait revenir dans sa région natale pour travailler aux côtés des siens. Pour l’instant, double actif entre son emploi d’ingénieur et la ferme, il doit s’installer d’ici quelques mois. Une famille qui montre qu’avec une petite exploitation et une maîtrise de la production et de la commercialisation, on peut arriver à sortir 4 salaires à la fin !
La vidéo sur la ferme de la Marg'Aude !
J’ai terminé la semaine par Edith, une paysanne-boulangère. C’est-à-dire qu’elle cultive elle-même ses blés, qu’elle récolte et qu’elle transforme en pain à l’aide de son fournil. Les blés sont bios et sont issus de semences paysannes, c’est-à-dire de semences anciennes.
Enfin, le vendredi soir, j’ai fait un aller-retour rapide dans ma région natale pour participer à l’AG de la coopérative de mon département, Bourgogne Du Sud. Un moment important, qui m’a permis de tirer un premier bilan de mon aventure et de le partager avec environ 500 agriculteurs coopérateurs. Depuis quelques jours, les AG des différentes coopératives s’enchaînent et se ressemblent. Toutes les coopératives font remonter les tensions sociales très tendues, entre les agriculteurs et le grand public, notamment sur la question des pesticides.
Mon intervention à l'AG de Bourgogne du Sud