Après deux premières semaines à traverser toute la Bourgogne, j'ai déposé le vélo pour me rendre en Champagne en train.
Accueilli chez les parents d'une amie de mon école de Grenoble, je suis parti à la rencontre d'un produit typique de la région qui a un rayonnement international : le Champagne. Ses parents, Christelle (Christou pour les intimes) et Xavier travaillent tous les deux dans le Champagne. Ils ont donc pu me concocter divers rendez-vous pour me permettre de répondre à mes questions, et je les remercie encore pour leur aide.
Xavier et Christelle RINVILLE
Le champagne c'est quoi ? Grossièrement, ça se résume à une zone géographique, à trois cépages (Chardonnay, Pinot Noir et Pinot Meunier) et à différentes règles de production. Les bulles, elles, naissent d'une seconde fermentation du vin qui a lieu en bouteille et qui ne sera donc pas dégazé (en tout cas pas avant l'ouverture de la bouteille...).
La filière du Champagne est très structurée. On retrouve d'un côté les producteurs de raisins, les viticulteurs, et de l'autre les maisons de champagne qui transforment les raisins en champagne et qui s'occupent de la commercialisation.
Entre ces deux acteurs principaux, il y a le CIVC (Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne) qui joue un rôle de pivot entre les acteurs du champagne.
Pour ne pas être dépendant des prix du marché, des quotas ont été mis en place. Par exemple, cette année, la production a été fixée à 10 800 kg de raisins /ha. C'est-à-dire que le viticulteur peut vendre 10 800 kg de raisins /ha /an sous l'appellation "Champagne". Si la production est supérieure, elle peut alimenter une réserve (jusqu'à 8 000 kg/ha sur plusieurs années). Ainsi, si la récolte est mauvaise et que le quota n'est pas atteint, les viticulteurs peuvent piocher dans la réserve. Pour les maisons de Champagne c'est l'assurance d'avoir la quantité voulue et pour les viticulteurs c'est la sureté de vendre une quantité constante. Le reste des raisins part en distillerie.
La force de cette filière, la constance des prix et l'assurance que provoque la réserve permettent au CIVC et aux différents acteurs d'investir et de consacrer du temps aux questions environnementales. Ainsi, Pierre NAVIAUX, chef de projet Environnement au CIVC, a pu constater une augmentation conséquente des pratiques agricoles positives ces dernières années.
Mais le problème principal reste le manque de reconnaissance du grand public, qui applaudit de "petites" innovations comme les transports en bateau à voile ou le remplacement des herbicides pour le labour à cheval qui ne règle qu'une partie infime des problèmes environnementaux. Alors que là où plusieurs viticulteurs sont soucieux de la provenance de leur produits (bouteille, bouchon, capsule...) ou de leur pratique (diminuer le tracteur, fertilisation) les consommateurs ne sont pas intéressés...