De Paris à Caen j’ai parcouru environ 280 km, en 4 jours, sous un climat plutôt exceptionnel… 4 jours en t-shirt, avec un grand soleil et des températures qui approchent les 30 degrés !
En Normandie, j’ai d’abord rencontré Antonin GOURDEAU. Antonin et sa compagne produisent des thés/infusions à partir de leur production de plantes aromatiques et médicinales, sur une petite surface. Tout est fait à la main. La démarche d’Antonin est très intéressante puisqu’il a décidé d’aller plus loin que le « simple » label bio. Il voulait un label qui corresponde plus à ses pratiques qui sont plus poussées que le cahier des charges biologique classique. En effet, pour lui, une agriculture respectueuse de l’environnement ne se résume pas simplement à résoudre le problème des produits phytos. Il prend ainsi en compte sa fertilisation, la biodiversité autour de ses cultures (enherbement, couvert végétal, animaux, arbres…), le côté social (gestion des saisonniers), …
Une approche de l’agriculture tout à fait intéressante et globale. Même si ses pratiques sont difficilement reproductibles sur des grandes cultures, elles le sont déjà plus en maraîchage et en arboriculture. Et pour les grandes cultures, les agriculteurs peuvent tout à fait chercher à s’inspirer de ces pratiques.
Seul point négatif, le manque de communication entre ces agriculteurs. D’un côté, les agriculteurs comme Antonin, que l’on appelle « Néo-Paysans » (Non issu du milieu agricole), qui portent souvent des projets sur des petites surfaces avec un grand attachement au respect de l’environnement et, de l’autre, les agriculteurs qui gèrent de plus grosses exploitations. Les uns comme les autres ont à apprendre des pratiques de leurs voisins. Arrêtons de nous bloquer sur des préjugés, dans l’urgence de réinventer notre modèle agricole, nous devons avancer ensemble, poussons les barrières !
J’ai ensuite rencontré Olivier qui cultive notamment des betteraves et des pommes de terre. Il est en Agriculture de Conservation des Sols (ACS). Il fait partie du groupe « Sol en Caux » qui réunit une dizaine d’agriculteurs du Pays de Caux qui ont souhaité lutter contre le phénomène d’érosion typique dans leur secteur. Accompagné par des grandes personnalités de l’ACS, comme Konrad Schreiber (vous pouvez trouver beaucoup de vidéos de lui sur YouTube), ils ont été dans les premiers à développer ce nouveau type d’agriculture.
Une coïncidence intéressante, je me suis rendu compte, une fois dans le tracteur d’Olivier, que je l’avais déjà vu quelque part ! Dans le documentaire « Le Champs des Possibles », d’une durée d’1h, que vous pouvez voir ci-dessous.
"Les paysans de demain, le champs des possibles"
J’ai aussi rencontré Joseph BELLET et Antoine CHEDRU, membre aussi du collectif « Sol en Caux ». Joseph m’a notamment expliqué comment il lutte contre la prédation Mulot, petit ravageur qui cause énormément de dégâts en ACS à cause d’une forte présence de végétaux et donc de nourriture pour ces petites bêtes. Il a donc installé des perchoirs pour attirer les rapaces qui se nourrissent de ces mulots. Une méthode tout à fait naturelle. Joseph fait aussi partie du réseau APAD, il a donc organisé, comme beaucoup d’agriculteurs APAD, une journée Portes Ouvertes le 15 septembre dernier pour présenter ses pratiques. Plus de 800 curieux sont venus lui rendre visite !
Antoine nous a présenté ses pratiques en rentrant plus dans le côté technique, que je vais vous épargner ici. J’ai notamment été marqué par sa technique d’apporter plus de carbone au sol sous forme de bois (découpé en petits morceaux). Pour assurer son stock de bois, il a planté de nombreux arbres et haies. Alors que l’on reproche à l’agriculture d’avoir arraché arbres et haies lors du remembrement d’après-guerre, la tendance semble s’inverser. D’autant plus que dans ce secteur fréquemment touché par les tempêtes et l’érosion, arbres et haies apportent une protection.
Antoine a même reçu la visite de l’ancien ministre de l’agriculture, Stéphane LE FOLL, pour recevoir un prix pour le féliciter de ses pratiques vertueuses pour l’environnement.
Antoine, devant son label "Carbone vert"